Translate!

martedì 29 aprile 2014

Made in USSR de Alexandra Polina

On pourrait définir le travail d'Alexandra Polina, présenté à la Galerie La Fontaine Obscure à Aix en Provence, comme une rétrospective de l'avenir. La rétrospection et l'avenir dont on parle sont ceux du peuple qui constituait l'ex Union des Républiques Socialistes Soviétiques, fédération d’États qui s'est écroulée il y a vingt ans.
La photographe présente la dernière génération de jeunes qui ont grandi comme des petits héritiers de la Révolution d'Octobre et comme des « pionniers », en utilisant les mots de l'artiste, d'un monde mondialisé.
En effet, ces fils de la révolution commençaient à partager avec les occidentaux la même musique, la même langue internationale et les mêmes rêves de reussite sociale, dans un contexte de libre échange.
Que retenir de cette génération bifronte? Les images en noir et blanc de Eisenstein où les images colorées des shining russians?
La réponse, puisqu'on parle de photographie, se trouve dans les images qui peuvent, donc, avoir une double grille de lecture.
Les signifiants issus de l'art de la propagande soviétique, comme la posture plastique des sujets et la présence du rouge révolutionnaire, font plonger le spectacteur dans une atmosphère irréelle d'antan, allure d'un monde caché, loin des catégories esthétiques des fils du Plan Marshall.
Voilà donc l'homme/femme machine, la paysanne, l'artisan, le travailleur du peuple pour le peuple. Ceci pourrait faire écho à l' « Ouvrier et la Kolkhozienne » de la sculptrice Vera Moukhina, échantillon de la puissance soviétique.
D'un autre côté, les photographies proposent des personnages avec un regard tourné vers le futur : des hommes et des femmes aux beaux yeux, au regard fier comme celui d'un peuple désormais vagabond. Ces personnages sont issus d'une génération qui a perdu ses certitudes et qui est prête à se réinventer soi-même dans un nouveau monde ; un monde qui a vu triompher les logiques sociales et économiques aux antipodes de celles de Lénine, ou, heuresement d'un Staline.
Et voici l'ambivalence, le dynamisme même de ces images : un corps hanté par les fantasmes des idoles de 1917 et les yeux au regard ancré dans le futur.
Ainsi la métaphore de la photo qui ferme le cercle de l'exposition est forte : une russe qui confie à ses mains le vol d'une colombe prête à s'envoler au delà du rideau de fer de l'endoctrinement, vers un monde où mondialisation rime avec le mot intégration.

Marco Caccavo

http://www.alexandrapolina.com/

http://www.fontaine-obscure.com/

Nessun commento: